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UNE ANTHROPOLOGIE DU JEU DE BALLE 

Bal de match questionne la notion de victoire tout en lui redonnant la dimension de ses origines. 

 

S’ils ont connu une résurgence importante en Angleterre à partir de la fin du XIXe siècle, les jeux de balle ne sont pas une occurrence récente dans l’histoire de l’humanité. Il y a plus d’un millénaire, des sociétés situées en Amérique centrale, en Asie centrale ou dans les îles du Pacifique instauraient à travers les jeux de balle des rites sacrés où il était question de vie et de mort, de sécheresse et de fertilité. Ces enjeux 

démesurés traversent Bal de match et contribuent à nourrir sa dramaturgie. 

Le rapport des danseurs au sol, au terrain est donc traversé par ce lien vital à une terre nourricière.

Quand le mouvement général des corps des danseurs se fait circulaire, il réactive un rapport au groupe spécifique au bal et une pratique ancestrale du rugby qui associe le ballon au soleil et les corps des joueurs au mouvement global du système solaire.

 

«  Une pratique aussi répandue et aussi vieille que l’humanité a fatalement quelque chose à voir  avec les liens ataviques qui nous lient au clan, à la tribu, avec les combat rituels, les sacrifices et incantations collectives. Le rugby a des rites propres qui en font une communauté à part dans le monde du sport. Emile Durkheim définissait les rites comme des règles de conduite qui prescrivent comment l’homme doit se comporter avec les choses sacrées . (...)

Les jeux de balle témoignent de l’organisation du cosmos qu’on imite en jouant. Avec les jeux de ballons primitifs on passe du chaos au cosmos, c’est-à-dire à un univers réglé, ordonné et au moins partiellement intelligible (...) Selon Roger Caillois, dans les jeux de ballon ancestraux des Maoris, le ballon représente le soleil. Dans le Tlachtli des Aztèques, le mouvement de la balle entre deux camps symbolise celui de l’astre solaire et la victoire d’un camp se conclut par la mort d’un des capitaines qui symbolisait la victoire du jour sur les puissances nocturnes. (...)

La plupart des jeux ont une origine sacrée, mais comme l’explique Roger Caillois, « leur fonction sociale a évolué et, peu à peu, ils se sont dégradés et dépouillés de leur signification politique ou religieuse ». Malgré cette dégradation, le jeu conserve une double fonction, rituelle et récréative. (...) Les jeux sont les miroirs les plus variés d’une société ou d’une époque. Ils tirent leur origine des exigences de la survie dans l’environnement naturel, puis social. Ils développent au fur et à mesure que se « dégrade » le sacré, les facultés d’adaptation sociale. Mais avant toute chose, ils ont été rituels, culturels, sacrés et religieux. » 

Philippe Villemus, Rugby, les noces du soleil et de la terre, Nouvelles Presses du Languedoc, 2007

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